Beatrice
Celli
Ma pratique s’incarne dans un ensemble éclectique d’oeuvres caractérisées par une grande variété de gestes, allant de la spontanéité à l’impulsivité, du soin au rituel. J’imagine souvent mes créations comme un ensemble scénique et immersif où sculptures, performances, textes et installations intègrent des matériaux modestes et bruts, des savoir-faire traditionnels ou des micro-histoires oubliées.
Ma source d’inspiration principale est l’imagerie rurale et mystique de ma région natale, les Abruzzes, notamment l’héritage transmis par les femmes de ma famille mais je m’inspire en général de tout type d’expérience surnaturelle liée à la perception de forces occultes et invisibles. Je vois la récupération des particularités locales non pas comme un signe de repli sur soi mais comme la possibilité de créer une perception multiple et stratifié des choses, dans l’espace comme dans le temps, dans laquelle les oeuvres singulièrement deviennent des portails vers d’autres mondes normalement inaccessibles et lointains.
Les dimensions apotropaïque et mnémonique vont de pair, à la manière des imagines agentes*, favorisant la narration, le déploiement de l’imagination, la réactivation des souvenirs d’enfance sans aucun sens de la mesure. Dans ce folklore inventé, où les hybridations et les amoncellements mélangent les traditions et les croyances collectives, se manifeste l’énergie des génies, des esprits invisibles et des créatures bizarres.
Stimulant une perspective anthropologique, mes créations révèlent une vision animiste, presque magique, comme des objets de culte contemporains libérés de tout dogmatisme religieux. Elles génèrent ainsi un syncrétisme dans lequel le fantastique et le diabolique, le corps et l’esprit, l’art vernaculaire et les beaux-arts se rejoignent dans ma mythologie personnelle .
*Technique rhétorique et mnémotechnique consistant à construire mentalement des images qui frappent l’imagination pour se rappeler des faits ou des concepts complexes.